Si
je devais expliquer comment j'ai découvert ce bijou perdu, la
crédibilité de ce blog entier serait à remettre en cause. C'est
pourquoi faisons comme si j'avais découvert le vinyle (que j'ai
réellement !) par hasard et que la surprise fut telle qu'il
devint l'un de mes favoris. Fleetwood Mac, un nom perdu dans la fin
des années 60 qui a pourtant traversé l'atlantique et les années
70 pour accoucher de leur chef d’œuvre Rumours en 77. Le plus fort
avec cet album, c'est qu'en plus d'être bon et novateur pour son
époque, il s'est magiquement vendu à plus de 40 millions
d'exemplaires !
Avant
de commencer il faut tout de même que je vous prévienne, les sons
et arrangement peuvent sembler vieillot par moment, surtout les voix
féminine d'ailleurs. Essayez tous de même de passer outre, il y a
tant de bonnes choses que de s’arrêter sur des détails liés au
changement d'époque serait mesquin de votre part.
Première
particularité de l'album, l’alternance entre chanteur et
chanteuse. Les groupes de l'époque ne présentent souvent qu'une
voix sur le devant de la scène, ici Lindsey Buckingham, Christine
McVie et Stevie Nicks se partagent la partie chant. Outre le fait
qu'ils chantent tous bien, on a le plaisir de ne pas se lasser par
une même voix tout au long de l'album, ce qui permet de l'écouter
plusieurs fois d'affiler sans pour autant avoir l'impression d'être
toujours avec le même groupe.
Autre
précision sur l'époque à laquelle est parue cet opus : le
vinyle est sorti sous le genre Pop. Si l'on ose
regarder ce que propose la Pop de nos jours, on
regrettera amèrement cet age ou les guitares et les solos n'avaient
pas été remplacé par des sons toujours plus fabriqués par
ordinateurs et des modeleurs de voix permettant à n'importe qui de
se proclamer chanteur...
Assez
larmoyé, entamons avec « Second Hand News ». Premier
titre et déjà l'ambiance est posée. Un crescendo sur un riff de
guitare sèche, un chœur et un rythme simple mais efficace. Que
demander de plus ? Le tout se termine sur un tout petit solo qui
laisse entrevoir toutes les capacités de ce Fleetwood Mac. Car des
capacités en tant que musiciens, ils en ont, et beaucoup.
Je
me permets une petite digression sur ce que j'appelle un bon
musicien. Je ne pense pas que pour être cité comme bon musicien il
faille se fendre d'un solo à plus de mille notes par minute pour un
guitariste, ou d'une sur utilisation de la double pédale pour un
batteur. Bien que ces deux utilisations d'un instrument requière une
technique parfaite et sans doute des années d’entraînements ;
un bon musicien reste pour moi celui qui sait trouver la bonne
mélodie, les bons accords ou les chœurs qui lâcheront la bonne
émotion au moment opportun . Tout est une histoire de ressenti, mais
pour moi Eric Clapton sera toujours meilleur que Steve Vai. La
finesse d'un « Old Love » n'a pas d'équivalent au milieu
de l'avalanche de notes déversée par Vai, ce qui n’enlève
cependant rien à son talent.
Pour
revenir à nos moutons, je faisais remarquer que des morceaux tel que
« Never Going Back Again » ou « Gold Dust Woman »
sont des exemples plus que parlant pour démontrer la finesse des
trouvailles du groupe en termes de mélodies et d'ambiances. Comme
dit plus haut, cet album fut référencé Pop, mais avec des chansons
comme « Gold Dust Woman » c'est mon coté rock des
premières heures qui se réveille. La mesure jouée au charley puis
juste au pied avec la grosse caisse ; une première guitare folk
sur un rythme des plus pesant ; puis tout s’enchaîne, les
chœurs, les passages électrique en fond et pour finir la déchirure
dans la voix. Comment ne pas ressentir le désespoir avec une telle
orchestration ?
Ce
n'est pas la seule fois où on s'étonne du rock que contient
l'album : « The Chain » et « You Make Loving Fun » sont eux-même très imprégnés par le rock des années
70.
Au
milieu de ce mélange Pop/ Rock se cachent quelques douces mélodies.
Ayant eu la bonne idée de ne pas utiliser la guitare pour se la
jouer à la Scorpion, c'est donc avec le piano que les larmes peuvent
commencer à rouler sur nos petites joues avec « Song Bird ».
Je classe aussi « Oh Daddy » dans les douces mélodies.
Même si pour le coup cette chanson est bien moins épuré que la
précédente, elle sonne comme une complainte et même si la musique
est très présente elle laisse la part belle aux paroles.
Les
paroles justement sont assez intéressantes à décortiquer. A
première vue, texte banal sur l'amour, la rupture, le regret... Rien
de bien nouveau pour un album Pop, cependant il faut se plonger dans
l'ambiance du groupe au moment de la conception des textes. A cette
époque, les membres du groupe ne se parlent presque plus, et
arrivent tous juste à composer. Le titre de l'album Rumours est
directement lié à cet ambiance délétère. Et bien, si l'on lit au
travers les lignes on aperçoit ce climat plus que tendu. Toutes les
chansons ont un sens caché lié à la vie chaotique au sein de
Fleetwood Mac. C'est ce double sens qui rend l'album si bon, les
différents degrés de compréhension nous font redécouvrir les
morceaux à chaque écoute. « Don't Stop » signe la fin
des disputes ou tout du moins l'envie d'une trêve, mais lors d'une
écoute rapide cela peut aussi être associé à n'importe quelle
journée de déprime.
Je
finirais avec « Go Your Own Way », à la fois pilier de
l'album et chanson ayant eu un vrai impact sur ma façon d'aborder le
monde dans certains instants pas toujours très reluisant. Le morceau
est parfait. C'est le chef d’œuvre de Rumours. Tous les
ingrédients sont réunis tant musicalement que textuellement pour
réussir à vous prendre à bras le corps et vous transporte loin de
ce que vous faîtes, loin de ce que vous êtes. Il est évident que j'ai une vision relativement
biaisée de cette chanson ; peut être qu'elle ne touchera
personne d'autre que moi. La musique est aussi une histoire
d'instants. Ce qui est sur, c'est que cette chanson en particulier,
mais tout l'album de même, contient sa dose d'émotion si l'on lâche
prise du monde l'espace de trois minutes.
Fleetwood
Mac est un groupe à écouter, leur discographie intégrale est
immense et inégale, tout n'est pas à garder mais Rumours est le
point d'orgue de nombre d'albums oubliés à tord ! C'est fou
les découvertes que l'on peut faire lorsqu'on regarde Glee... Oups !
Peu importe comment l'on découvre la musique, l'important c'est de
la faire vivre en l'écoutant. J’espère que vous prendrez autant de
plaisir que moi à écouter cet album !