En
parcourant les différentes chroniques du blog, je me suis aperçu que mon amour
inconditionnel pour les voix féminines n’était pas du tout mis en valeur. Le
constat est même affligeant, au moment d’écrire ces lignes, seulement trois
femmes ont été le sujet d’article ! C’est pauvre. Surtout quand on sait à
quel point je délecte mes oreilles d’artiste de l’autre sexe. C’est pourquoi
j’ai décidé d’y remédier en offrant l’album, sortie en 2007, The Reminder de
Feist à From (The Sounds) Inside ! Pour nuancer ce propos (et pour éviter
de passer pour un misogyne fini), j’avais tout de même en réserve un autre
article sur une femme (Française de surcroit !) que j’apprécie
particulièrement qui attend au chaud de mon disque dur depuis quelques mois,
mais cela ne change rien, la parité était loin d’être de mise au sein de ce
blog, il en est et sera désormais autrement.
Ce
que j’aime chez les femmes, c’est surtout la voix. Cette facilité avec laquelle
elles nous emportent, nous touchent et parfois nous renversent est
déconcertante. Cette observation est applicable à toutes les chanteuses digne
de ce nom, peu importe le style ou même la puissance de celle-ci, l’émotion
reste intacte. En parlant de voix celle de Feist est d’une légèreté
déconcertante aux premiers abords. Haute perchée, elle me fait penser sur
plusieurs chansons à celle de l’artiste Britannique Kate Nash. Ce n’est
d’ailleurs pas leur seul point commun, sur certain morceaux, les rythmes et
orchestrations sont très semblables, nous y reviendrons plus tard. Pour le
moment, nous venons d’attaquer l’album et au-delà de cette voix cristalline, ce
qui frappe en premier c’est l’éclectisme des styles traversés.
Contrairement
aux deux titres que l’on connait de Feist (« 1, 2, 3, 4 » de la pub à
la pomme ou « My Moon My Man » passée en radio) l’album n’est pas
plus Pop ou plus Rock que ça et mixe les genres. La première chanson « So Sorry », à ma grande surprise se pare d’air de Bossa des plus agréable. Je
m’attendais donc à poursuivre ce chemin aux couleurs du Brésil mais l’album me
préparait bien d’autres surprises ! Des rythmes Africains pour « Sea Lion Woman » et des ballades Folk piano-voix comme « Brandy Alexander ». Et c’est dans les détours par la Pop/Rock de « Past In Present » que je dois admettre que tous les styles abordés dans cet opus
se voient traiter et bien traiter. L’intelligence de la canadienne réside dans
le dépouillement qu’elle donne à la plupart de ses chansons, lui évitant ainsi
de s’emmêler avec trop d’artifices liés à chaque genre. Dépouillement sans
doute dû au très court laps de temps qu’il lui a fallu pour enregistrer ses
treize chansons. En seulement trois semaines a été bouclé l’ensemble des
enregistrements, une sorte de prouesse lorsqu’on entend que certain groupe
peuvent y passer des années ( Gun’s and Roses pour ne citer qu’un extrême)
Plus
tôt j’avais laissé entendre que certaine des compositions présentes sur The
Reminder me faisaient penser à Kate Nash. Je ne me lancerai pas dans un
parallèle un peu simpliste entre ces deux jeunes femmes souvent issu de tel
propos. Mais tout de même, comment ne pas faire un lien entre les percussions
et le piano criard de
« Foundation » issue de Made Of Bricks sorti aussi en 2007 et celle
de « Feel It All » ou du précédemment cité « Past In
Present ». Mais Kate Nash n’est pas
la seule influence qui pourrait vous venir à l’esprit en écoutant l’album ;
« Sea Lion Woman » par exemple me fait penser à
« Amssétou » de -M-. Alors oui, cette dernière est postérieure dans
le temps à l’album de Feist mais les oreilles vont dans le sens des écoutes or
j’écoutais -M- bien avant même de connaitre Feist. Mon propos n’est pas de
pointer de qui elle se serait inspirée mais plutôt de mettre un lien entre deux
chansons, comme cela en en appréciant une, je vous permets, peut-être, d’aller
en découvrir une autre.
J’avais
fait remarquer dans mon premier article sur Charlie Winston que les chansons
choisies pour la radio sont souvent celle que j’aime le moins. Si je me permets
un petit aparté, je ne sais pas comment ces chansons sont choisies mais tout de
même, que ce soit « Get On Your Boots » pour l’album de U2 No Line On
The Horizon ou « The Adventures of Rain Dance Maggie » sur I’m With You
des Red Hot Chili Peppers ou bien d’autre, ce ne sont jamais les meilleurs de
l’album, loin s’en faut. (Il s'est avéré que " The Adventures of Rain Dance Maggie" était bien mieux sur l'album qu'à la radio pour les mêmes raisons que je vais citer) Et bien The Reminder n’échappe pas à ce fléau. Alors
j’admets être un peu dur avec « My Moon My Man » mais la version
radio nous enlève tout le plaisir de cette fin en fuite vers l’avant avec cette
porte qui claque et ces bruits de pas qui s’enfoncent dans un chemin
caillouteux. Cette fin, qui est en réalité le début de « The Park »,
n’étant jamais diffusée nous empêche de profiter pleinement de l’effet qu’a
voulu créer Feist. Et c’est précisément cette fin coupée qui enlevait le charme du morceau. C’est donc un autre des
atouts inattendus de cette écoute : une redécouverte de chanson pourtant
sur-écoutée.
J’ai
balayé la plupart des styles usités au travers The Reminder, mais s’il en est
un qui pourrait pencher un peu plus dans la balance, c’est cette Folk douce,
par moment presque a capela dans « Intuition », le plus souvent à
peine soutenu par soit un piano (Brandy Alexander) soit par une ambiance
de clavier bien senti (The Limit To Your Love). Bizarrement, cette partie sera
la plus courte dans le texte alors qu’elle tient une vraie place dans mon
appréciation de cet album. Une métaphore du voyage s’emploie relativement bien
pour coucher mon ressenti sur ces passages : Tous les passages hors Folk
sont les voyages à l’étranger, ou l’on découvre, apprend, s’inspire et revient
parfois différent. Les morceaux Folk sont les retours, moments de tendresse
lorsque l’on franchi le seuil de sa maison, instant de calme avant le prochain
départ. C’est ainsi que j’ai vécu les différentes étapes de The Reminder.
Pour
conclure sur cet album hétéroclite, je ne m’extasierai pas sur celui-ci, le
clamant le meilleur d’une époque ou d’une année. Je terminerai seulement en
insistant sur la part de risque pris par Feist en proposant autant de diversité. Sans être prétentieux, c’est un petit répit
de douceur que l’on se doit d’offrir de temps à autre à ses oreilles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire