vendredi 7 septembre 2012

Musique et Cinéma : Un amour des premiers jours



Alors que s'achève le dossier « Au-delà de la mélodie, les mots (et réciproquement) » qui inaugurait la rubrique « Musique et Littérature », je profite de la rentrée pour ouvrir une autre rubrique : « Musique et Cinéma ». Il est des plus logique que d’introduire ce duo au sein de From The (Sounds) Inside car, s'il existe un art au sein duquel la musique est mise en valeur c'est bien le septième. Le cinéma a ça de bien qu'il ne discrimine aucun genre, qu'il permet à la musique de s'offrir un autre rôle que le rôle principal en lui permettant de soutenir l'image au travers de compositions classiques ou non, et de titres pré-existants de tout horizons.


D'ailleurs si l'on remonte le temps, loin des blockbusters et des complexes multisalles, le cinéma n'était que musique et image. Il n'aura pas fallu attendre longtemps après la première projection publique en 1895 (faite par les frères Lumière eux même) pour entendre la première musique de film à proprement parler dans le film « L'assassinat du Duc de Guise » en 1908. A l'époque, un simple piano accompagnait les salles, parfois un orchestre était déplacé pour des représentations plus huppées. Ce n'est que 15 ans plus tard que le son fut mis sur la même bande que l'image pour atteindre de nos jours la qualité et le confort du numérique. ( Bien qu'il aurait sans doute été agréable d'avoir les orchestres pour tout ce qui est film muet comme « Le dictateur », « Les temps modernes », ou toute la série des « Fatty », court-métrages mettant en scène Buster Keaton. )

Qu'es-ce qui rend « Taxi Driver » si oppressant ? Le Jazz froid à la Miles Davis. Qu'es-ce qui fait pleurer devant le « Roi Lion » ? Elton John et sa plume incomparable. Qu'es ce qui nous garde à bout de souffle dans « Heat » ? Brian Eno et ses thèmes planant sur l'intrique comme des rapaces.
Hans Zimmer
Oublions un temps la technique pour nous focaliser sur ce que la musique apporte à l'image : l'émotion. Depuis que nous écrivons au sein de ce blog maintes fois nous avons parlé d'émotions transmises grâce à la musique, les textes et les ambiances créées. Ici, la musique ne doit pas seulement apporter son émotion elle doit aussi sublimer celle qui s'échappe de l'image.
Gad Elmaleh se moque d'ailleurs gentillement de la sur-utilisation de musique dans les blockbuster dans son spectacle « L'autre, c'est moi » au travers ces petites phrases : «  Ils sont fort les Américains, parce que des fois ils te filment des trucs qui sont pas très émouvant mais avec la musique tu pleures ! Ils peuvent te filmer un môme en train de se brosser les dents, tu peux pleurer ! » Car oui, si la musique est vecteur d'émotions elle peut tout aussi bien ne rien faire passer du tout si son dosage n'est pas bon, c'est ici le problème de tous les réalisateurs : le dosage.

John Williams
Certain opte pour une musique des plus discrète qui saura donc faire son effet une fois son apparition, Jean Becker et son film « La tête en friche » en est un merveilleux exemple. Le film est accompagné pratiquement que de sons intra-diégétiques (les sons intra-diégétiques sont ceux qui font partie de l'action. Un bon exemple de sons intra-diégétique est le jeune garçon chantant l'hymne des États-Unis dans « Batman : The Dark Knight Rise », mais un oiseau chantant dans un parc ou des voitures sur l'autoroute le sont aussi. Ils sont à mettre en opposition avec les sons extra-diégétique, qui eux sont souvent les ajouts de musique dont est question cet article.) jusqu'à la scène finale sublimé par une petite mélodie au piano. D'autre au contraire aime les ambiances bercées (ou dynamitées!) par la musique. C'est ainsi que certain morceau deviennent culte comme le « You Never Can Tell » de la scène de Twist de « Pulp Fiction » ou « La Marche Impériale » de « Star Wars ».
 

Sans le vouloir, je viens d'énoncer deux manières d'entrevoir la musique pour un réalisateur, tout d'abord en mettant en valeur son action avec des thèmes connus, Quentin Tarantino est un spécialiste de ce procédé, signant ainsi des Soundtracks plus fantastique les unes que les autres. Puis il y a ceux qui préfèrent faire appel à un compositeur, « La Marche Impériale » citée plus haut est de John Williams (compositeur favoris de George Lucas et de Steven Spielberg). Hans Zimmer est un autre compositeur connu sur lequel il ne serait pas inintéressant d'écrire un article, compositeur ayant énormément travaillé avec les frères Scott, il reçoit un Oscar pour la musique de « Gladiator ». Alors bien entendu, les puristes ne jureront que par une orchestration nouvelle pour chaque film et voudraient bien qu'on laisse la musique des masses où elle est, c'est à dire loin des bandes son. Il est cependant difficile d'accepter un tel raisonnement. Même en étant amoureux de nombres de thèmes musicaux créés spécialement pour des films (j'apprécie particulièrement le travail d'Howard Shore pour le « Seigneur Des Anneaux ») certains films sont des chefs d’œuvre même avec des chansons pré-existantes dans leur Soundtracks. Je prendrais pour preuve « Pulp Fiction » récompensé en 1994 d'une Palme d'Or à Cannes ou « The Blues Brothers » comédie loufoque entraîné par, excusez moi du peu, Aretha Franklin, Otis Redding, Steevie Windwood, Robert Johnson et bien d'autres ! Pourquoi se passer de tels monuments si l'émotion à transmettre passe au travers d'eux ?


La musique fut l'un des premiers artifices du cinéma, bien avant la 3D et sans doute bien après, et pourtant, après presque 100 ans de compositions, d'éditions et de rééditions, les musiques de film ne cessent de nous émouvoir, j'en tiens pour certitude que je viens de finir « La Guerre Est Déclarée », et qu'il est impossible de ne pas être secoué de sanglot ou d'avoir au moins la gorge serrée à l'annonce de la maladie de l'enfant sur le premier mouvement de l'hiver de Vivaldi. C'est pour des instants comme celui-ci que la musique et le cinéma doivent être ensemble. Le but même de cette rubrique est de vous faire découvrir ces instants magiques où la magie de la musique opère et se voit à son tour sublimer par l'image.

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