vendredi 27 avril 2012

Rumours - Fleetwood Mac

Si je devais expliquer comment j'ai découvert ce bijou perdu, la crédibilité de ce blog entier serait à remettre en cause. C'est pourquoi faisons comme si j'avais découvert le vinyle (que j'ai réellement !) par hasard et que la surprise fut telle qu'il devint l'un de mes favoris. Fleetwood Mac, un nom perdu dans la fin des années 60 qui a pourtant traversé l'atlantique et les années 70 pour accoucher de leur chef d’œuvre Rumours en 77. Le plus fort avec cet album, c'est qu'en plus d'être bon et novateur pour son époque, il s'est magiquement vendu à plus de 40 millions d'exemplaires !
Avant de commencer il faut tout de même que je vous prévienne, les sons et arrangement peuvent sembler vieillot par moment, surtout les voix féminine d'ailleurs. Essayez tous de même de passer outre, il y a tant de bonnes choses que de s’arrêter sur des détails liés au changement d'époque serait mesquin de votre part.

Première particularité de l'album, l’alternance entre chanteur et chanteuse. Les groupes de l'époque ne présentent souvent qu'une voix sur le devant de la scène, ici Lindsey Buckingham, Christine McVie et Stevie Nicks se partagent la partie chant. Outre le fait qu'ils chantent tous bien, on a le plaisir de ne pas se lasser par une même voix tout au long de l'album, ce qui permet de l'écouter plusieurs fois d'affiler sans pour autant avoir l'impression d'être toujours avec le même groupe.
Autre précision sur l'époque à laquelle est parue cet opus : le vinyle est sorti sous le genre Pop. Si l'on ose regarder ce que propose la Pop de nos jours, on regrettera amèrement cet age ou les guitares et les solos n'avaient pas été remplacé par des sons toujours plus fabriqués par ordinateurs et des modeleurs de voix permettant à n'importe qui de se proclamer chanteur...
Assez larmoyé, entamons avec « Second Hand News ». Premier titre et déjà l'ambiance est posée. Un crescendo sur un riff de guitare sèche, un chœur et un rythme simple mais efficace. Que demander de plus ? Le tout se termine sur un tout petit solo qui laisse entrevoir toutes les capacités de ce Fleetwood Mac. Car des capacités en tant que musiciens, ils en ont, et beaucoup. 
 

Je me permets une petite digression sur ce que j'appelle un bon musicien. Je ne pense pas que pour être cité comme bon musicien il faille se fendre d'un solo à plus de mille notes par minute pour un guitariste, ou d'une sur utilisation de la double pédale pour un batteur. Bien que ces deux utilisations d'un instrument requière une technique parfaite et sans doute des années d’entraînements ; un bon musicien reste pour moi celui qui sait trouver la bonne mélodie, les bons accords ou les chœurs qui lâcheront la bonne émotion au moment opportun . Tout est une histoire de ressenti, mais pour moi Eric Clapton sera toujours meilleur que Steve Vai. La finesse d'un « Old Love » n'a pas d'équivalent au milieu de l'avalanche de notes déversée par Vai, ce qui n’enlève cependant rien à son talent.

Pour revenir à nos moutons, je faisais remarquer que des morceaux tel que « Never Going Back Again » ou « Gold Dust Woman » sont des exemples plus que parlant pour démontrer la finesse des trouvailles du groupe en termes de mélodies et d'ambiances. Comme dit plus haut, cet album fut référencé Pop, mais avec des chansons comme « Gold Dust Woman » c'est mon coté rock des premières heures qui se réveille. La mesure jouée au charley puis juste au pied avec la grosse caisse ; une première guitare folk sur un rythme des plus pesant ; puis tout s’enchaîne, les chœurs, les passages électrique en fond et pour finir la déchirure dans la voix. Comment ne pas ressentir le désespoir avec une telle orchestration ?
Ce n'est pas la seule fois où on s'étonne du rock que contient l'album : « The Chain » et « You Make Loving Fun » sont eux-même très imprégnés par le rock des années 70.
Au milieu de ce mélange Pop/ Rock se cachent quelques douces mélodies. Ayant eu la bonne idée de ne pas utiliser la guitare pour se la jouer à la Scorpion, c'est donc avec le piano que les larmes peuvent commencer à rouler sur nos petites joues avec « Song Bird ». Je classe aussi « Oh Daddy » dans les douces mélodies. Même si pour le coup cette chanson est bien moins épuré que la précédente, elle sonne comme une complainte et même si la musique est très présente elle laisse la part belle aux paroles.
Les paroles justement sont assez intéressantes à décortiquer. A première vue, texte banal sur l'amour, la rupture, le regret... Rien de bien nouveau pour un album Pop, cependant il faut se plonger dans l'ambiance du groupe au moment de la conception des textes. A cette époque, les membres du groupe ne se parlent presque plus, et arrivent tous juste à composer. Le titre de l'album Rumours est directement lié à cet ambiance délétère. Et bien, si l'on lit au travers les lignes on aperçoit ce climat plus que tendu. Toutes les chansons ont un sens caché lié à la vie chaotique au sein de Fleetwood Mac. C'est ce double sens qui rend l'album si bon, les différents degrés de compréhension nous font redécouvrir les morceaux à chaque écoute. « Don't Stop » signe la fin des disputes ou tout du moins l'envie d'une trêve, mais lors d'une écoute rapide cela peut aussi être associé à n'importe quelle journée de déprime.

Je finirais avec « Go Your Own Way », à la fois pilier de l'album et chanson ayant eu un vrai impact sur ma façon d'aborder le monde dans certains instants pas toujours très reluisant. Le morceau est parfait. C'est le chef d’œuvre de Rumours. Tous les ingrédients sont réunis tant musicalement que textuellement pour réussir à vous prendre à bras le corps et vous transporte loin de ce que vous faîtes, loin de ce que vous êtes. Il est évident que j'ai une vision relativement biaisée de cette chanson ; peut être qu'elle ne touchera personne d'autre que moi. La musique est aussi une histoire d'instants. Ce qui est sur, c'est que cette chanson en particulier, mais tout l'album de même, contient sa dose d'émotion si l'on lâche prise du monde l'espace de trois minutes.

Fleetwood Mac est un groupe à écouter, leur discographie intégrale est immense et inégale, tout n'est pas à garder mais Rumours est le point d'orgue de nombre d'albums oubliés à tord ! C'est fou les découvertes que l'on peut faire lorsqu'on regarde Glee... Oups ! Peu importe comment l'on découvre la musique, l'important c'est de la faire vivre en l'écoutant. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à écouter cet album !


vendredi 20 avril 2012

From The Sounds Inside - Jonh Frusciante


Aujourd'hui, retour en 2001 pour écouter le très bon mais trop méconnu From The Sounds Inside. Vous aurez remarqué que le blog lui doit son nom : au-delà de l'album c'est surtout un pseudo-hommage à John Frusciante qui est l'un de mes artistes favoris. Son travail est si diverse et foisonnant, tant au sein des Red Hot Chili Peppers qu'en solo, qu'il devrait être connu et reconnu par le grand public. Cet homme ne devrait pas être cantonné à son rôle d’excellent guitariste : il chante, produit et surtout créer des albums aux styles variés grâce à une obsession de l’expérience musicale nouvelle.


From The Sounds Inside est l'exemple typique d'un album basé sur l’expérience. Mais avant de développer mon propos, il est nécessaire de remettre dans le contexte la sortie de cet album. En 2001, John Frusciante sort de la longue et épuisante tournée qui avait suivi Californication et son addiction à l’héroïne s'est empirée. La meilleure thérapie pour lui reste la musique, les albums précédant celui-ci sont des appels à l'aide, des cris d'alarme. Littéralement, les chansons sont hurlées ou murmurées, une ambiance rare, la noirceur profonde d'un homme en détresse. A écouter. Puis, une fois remis de ses addictions, il sort deux albums. To Record Only Water For Ten Days sort en février 2001 et From The Sounds Inside en milieu de la même année. Nous allons voir à quel point la thérapie par la musique a été bonne et surtout la profonde sérénité qui ressort de cet album. Autre fait singulier pour l'époque, le disque est en téléchargement gratuit sur le net.


Tout d'abord, d'un point de vue purement musical, J.Frusciante nous offre 21 titres bruts. C'est un cadeau sans emballage qui se livre à nos oreilles. Il y a presque un aspect inabouti dans la conception : sur la plupart des morceaux, si ce n'est tous, le « souffle » des micros n'a même pas été retiré. On imagine bien J.F seul avec seulement une boite à rythme, un synthétiseur, sa pléiade de guitares et juste de quoi enregistrer sans retoucher. C'est vraiment cette impression qui ressort, à savoir que tout est sorti d'un trait. Les mots, les accords, les fonds sonores, une prise pour chaque et c'est bouclé, on enchaîne dans l'urgence. Ce n'est qu'une impression.
Ce serait se tromper que de penser que le travail est bâclé. C'est cette urgence qui le rend beau. De plus, elle ne l'aura pas empêché d’expérimenter ; chaque piste audio est travaillée à grand renfort de delay, tremolo, vocoder, saturation, distorsion et j'en passe... John Frusciante explore les sons et nous fait partager son voyage.
Commençons par son instrument fétiche : la guitare. Résolument sèche pour les bases rythmiques, elle passe par de douces distorsions dans « With Love » à un son électronique avec « The Battle Of Time ». Parfois, comme sur « Slow Down », les mots me manquent pour décrire ce qu'il sort de ses amplis. L'ensemble reste tout de même mélodique, il y a de la sérénité au travers de chaque riffs. Certain sont plus emballés que d'autre mais l'ensemble reste de très agréable balade menée dans de multiples directions grâce aux effets. Le plus remarquable est sans doute la variété de rythmes proposés. Sur 21 titres aucun ne semble se rapprocher ou concorder entre eux. « Cut Myself Out » est un arpège de bout en bout, « Nature Falls » s'accompagne d'une guitare grattée et d'une mélodie douce, « Saturation » mélange arpèges et gratté : les motifs varient de chansons en chansons. Sur 21 titres et seulement six mois c'est remarquable. 

 
Malgré ce feu d'artifice « guitaristique », l'instrument qui se taille la part belle au sein de cet album n'est pas une guitare, mais bien la boite à rythme qui pour le coup peut être assimilée à un instrument à part entière. Déjà sur « Three Thoughts » elle gratifie le morceau de petites percussions futuristes de même sur « Fallout » avec une batterie au son électronique à souhait. C'est un vrai plus dans la fabrication des chansons qui permet d'entrevoir toutes les possibilités créatives s'offrant à J.F. Le meilleur exemple de la puissance de la boite à rythme est la chanson « Innerstate Sex ». Chanson la plus aboutie de l'album, elle se balade entre un rock presque « Red Hot-ien » et l'expérimentation si chère à Radiohead. Le tout est porté par un rythme fixe, presque robotique qui colle si bien à cette ambiance froide créée par ces sons épurés. L'apport des synthétiseurs est un atout remarquable tant si cette chanson qu'au long de l'album. C'est la seule trace de liant entre chaque pistes audio. J.Frusciante joue à merveille la carte de l'album épuré et n'utilise le synthétiseur que pour lisser quelques parties trop abrupte.
D'un point de vue vocal, le guitariste des Red Hot s'essaye encore à des expériences et sature sa voix sur « Murmur » pour un effet déstabilisant. La plus grosse distorsion se trouve sur « Leaving You » il en est même difficile de comprendre les paroles mais l'effet est réussi. Mise à part ceci, la voix de J.F est toujours à la limite de la justesse, et pourtant il faut apprécier cette fragilité avouée. Le courage de chanter « on the edge ». Pour ma part c'est cette fragilité qui apporte la touche d'espoir et de renouveau à cet album. Accompagnée la plupart du temps par des accords majeurs elle transmet parfaitement la remonté des abysses que John Frusciante a traversé.


Les textes sont 21 morceaux d'une reconstruction ; tous centrés sur l'auteur, il y décrit soit au travers de pensées soit d'histoires vécues son passage à la sobriété. Cet album gagne à être écouté car en plus d'être gratuit, fait exceptionnel de nos jours, il s'inscrit dans une lignée d'albums descriptif de la vie avec la drogue. Une sorte de « Requiem For A Dream » musical en trois actes. Je n'ai travaillé que sur la remonté des enfers, la descente et la vie avec la drogue sont tout aussi intéressantes avec les deux albums « Smile From the Streets You Hold » et le très puissant « Niandra LaDes and Usually Just a T-Shirt ». Si vous êtes amateurs d’expériences musicales n’hésitez plus et écoutez ses deux premiers albums plein de surprises et de souffrances.

L’écoute de cet opus très personnel démontre à quel point la musique peut transmettre le bien comme le mal que l'on porte en soit. Vous ne pourrez pas sortir de cet écoute sans avis, soit vous adhérerez soit vous détesterez, mais quand un homme se livre autant le résultat est toujours stupéfiant.


samedi 14 avril 2012

A71 - Mustang


Début mars, les Victoires de la Musique récompensaient les « meilleurs » artistes de 2011. Et comme à son habitude, au delà d'une cérémonie des plus ennuyeuse, les catégories étaient remplies de nominés aux noms convenus. J.L.Aubert, C.Ringer, L.Voulzy, J.Clerc, autant de noms qui ont marqué la chanson française et qui m'ont enchanté plus d'une fois en concert ou sur leurs albums respectifs même récents. Néanmoins, ils n'ont pas leur place dans une telle cérémonie ! Tout du moins plus maintenant. Qu'un artiste soit récompensé pour sa carrière, comme le fut le très grand Alain Bashung ou comme l'a été H.F.Thiefaine cette année, est plus que légitime, mais il est temps de faire connaître la nouvelle scène française à la masse qui n'écoute de la musique qu'en allant travailler le matin (et qui écoute les Victoires de la Musique). Les grands absents de cette année sont, sans nul doute, le groupe Mustang qui avec un très bon deuxième album « Tabou » auraient du être au moins cité en tant que nominé. Pour aller plus loin, ils auraient déjà du y participer en 2009 avec leur premier opus « A 71 ». C'est pourquoi cet article lui est dédié.


Ce qui est frappant après une première écoute c'est la fraîcheur d'un tel album. J'ai été incapable de dire où j'aurais pu entendre de telles choses auparavant. Sûrement car je n'avais rien entendu d'aussi nouveau depuis bien longtemps dans le paysage de la chanson française. Ce trio Clermontois a le mérite d'innover. Si l'on décide de commencer par la voix, elle sort totalement de tout ce qui passe actuellement à la radio. L'utilisation de cette voix est, sans être novatrice, fraîche, un peu traînante mais pleine d’énergie me fait penser à un dandy chantant des vers d'Oscar Wilde. La chanson « Le Pantalon », qui leur a d'ailleurs valu un prix, est le parfait exemple de cette utilisation lasse mais pas molle.
Cette voix se met au service de textes parfois drôle, doucement acide, jamais triste mais plein de mélancolie. « La Plus Belle Chanson Du Monde » ou encore « Ma Bébé Me Quitte » sont mélancoliques à souhait. Et pourtant, il se glisse dans chacun de ces morceaux une certaine ironie qui force le sourire de l'auditeur. Pour moi, c'est une des forces de cet album. Réussir à traiter des thèmes qui font la dureté de nos vies avec une sorte de philosophie positive. La musique à une part importante dans ce processus. « Ma Bébé Me Quitte » est tout de même joué tout en majeur et fait plus penser à la plage et aux cocotiers qu'à l'isolement d'une rupture. Paris osé, mais payant. La chanson est réussie.
Les morceaux qui pourraient être qualifiés de plus léger ne sont pas moins intéressant. Certain sont d'ailleurs criant de vérité. Tout le monde a eu à faire à cette fille de « Pia Pia Pia » qui casse les oreilles à force de remarques et autre théories. Si vous ne trouvez pas de Pia Pia Pia dans votre entourage, c'est que c'est vous ! Le petit rythme rétro-éléctro rappel avec plaisir les années lycée qu'associe le groupe à ce genre de personne. Comment ne pas succomber au tempo du « King Of The Jungle » ? Ce chant tel une parade amoureuse (l'invitation à entrer dans le bungalow est irrésistible!) me fait penser au roi lémurien complètement démesuré, mégalo et surtout très drôle du film d'animation Madagascar. L'ambiance liée aux bongos et autres chœurs à la Pow Wow rend très bien surtout avec cette pointe de modernisme dont fait preuve Mustang en ajoutant quelques guitares électrique saturées. Ce passage de l'album est très rythmé, laissant peu de temps à nos oreilles et à notre corps (qui se met à danser tout seul !) de se reposer. Mustang se permet même, pour parachever cette phase allegro une instrumentale. Pas forcement nécessaire mais plutôt réussie, elle coupe en deux l'album. Une sorte de mi-temps pour le chanteur qui laisse volontiers parler ses camarades de jeux.


Les réussites d'A 71 sont ailleurs que dans les rythmes effrénés proposés. Les ballades ont un vrai charme. L'ode aux mamans et à la peur de l'inconnu est un plaisir à renouveler sans modération. En utilisant un fond sonore de clavier très planant et en y ajoutant ce petit son de guitare si caractéristique du groupe, Mustang nous rappel avec douceur ces matins où notre maman venait nous réveiller. Doux souvenirs... Mustang réhabilite le Slow avec « La Dame de Pique ». Ils n'inventent rien, reprennent la bonne vieille recette du Slow mais cela fonctionne. Et j'en viens à regretter qu'il n'y ai plus de quart d'heure Slow en boite pour pouvoir écouter de si jolis morceaux tout en flirtant du bout des lèvres.

« Je n'allume même pas la radio, toutes les musiques me rendent marteau, je m'emmerde. » En un vers de « Je m'emmerde » Mustang souligne le problème des radios Françaises qui n'innovent jamais de peur d'une baisse d’audience. Ce sont ces mêmes radios qui se targuent de faire découvrir des nouveautés, le plus souvent elles ont un train de retard et toutes personnes tant soit peu concernées par la musique connaît leurs nouveautés depuis presque deux ans... Le morceau « C'est Fini » souligne cette méthode vieillissante de faire des chansons de nos jours. C'est un tout. La méthode « Couplet-Couplet-Refrain-Couplet-Refrain » le tout en trois minutes, est acceptée pour passer à la radio. Alors, toute personne sortant du moule ne peut être connu par le large public car ne correspondant pas aux standards radiophoniques. C'est bien dommage. Nous passons à coté de titre tel « C'est Fini ».


J'ai eu envie que cette chanson finale ne se termine pas tant la partie synthétiseur est agréable. A71 fini sur un decrescendo lancinant. Pour un premier album Mustang avait placé la barre haute et personne ne s'en était rendu compte. Espérons que le suivant sera accueilli avec plus d'enthousiasme. En tout cas, ils le méritent.

PS: Ma chanson favorite est "Anne Sophie", je n'ai pas pu la placer dans mon explication; parfois les mots ne suffisent pas! C'est un vrai bonheur, comme cet album.

samedi 7 avril 2012

Happy Soup - Baxter Dury


Août 2011 sortait dans les bacs Happy Soup, le nouvel album de Baxter Dury. Ce nom ne vous dit peut être rien et sa musique semble loin de vos oreilles, pourtant vous connaissez tous au moins la chanson « Trellic » puisqu'elle fut utilisée pour une pub d'un célèbre pourvoyeur d’électricité Français. De plus, le fils de l'inventeur de la maxime « Sex, Drugs & Rock'n'Roll » n'est pas l'illustre inconnu que l'on croirait puisque Happy Soup est en réalité son troisième album. Certes les deux premiers ne se sont pas écoulés à des millions d'exemplaires, mais l'envie de bien faire est toujours grande lorsque « papa » est une rock-star. Alors, Baxter Dury s'est penché pendant plus de 5 ans sur cette Happy Soup. Le résultat est époustouflant de maîtrise.


La maîtrise, c'est le maître mot de cet opus. Il suffit d'écouter le titre « Happy Soup », un modèle du genre, voix grave pausé sur une batterie minimaliste et trois accords sur un clavier. Progressivement s'y ajoute un arpège envoûtant puis des chœurs féminins qui ne sont pas sans rappeler ceux usitées par Serge Gainsbourg. L’atmosphère rendue est pesante, à nul moment la chanson de s'emballe et pourtant on sent qu'elle le voudrait. Pire, tout notre corps le souhaite, cette lent marche ne peux que se terminer sur une explosion. Dury la retient tout en douceur et nous sert, en lieu et la place d'effusions de rythmes, un solo comme autant de liens venant sceller ce petit bijou de maîtrise musicale. Cameron Crowe donnait les mots suivants à Tom Cruise dans « Vanilla Sky » : « Le plaisir naît de l'attente de celui-ci. » Baxter Dury applique à la lettre cet adage et dans l'attente d'une envolée promise à cet « Happy Soup » nous fait prendre notre pied chaque second que celle-ci met... à ne pas venir !
La comparaison à Gainsbourg n'est pas innocente. Souvent utilisée dans les médias, il est vrai qu'on ne peut pas nier un air de ressemblance dans les ambiances créées par les deux protagonistes. Le rapprochement s'affirme sur la période « Initail BB » du grand Serge. Pour autant il n'est pas si simple de trouver de vrais points communs entre ces deux. La musique du Français est loin du post-retro-indie proposé par B.D. (Je viens d'inventer ce mouvement, je n'ai pas trouvé mieux pour définir le style!) Gainsbourg aimait la musique plus nature, moins éléctro. Question de génération me direz vous, mais S.G s'est bien intéressé au Reggae, sa curiosité a toujours été poussée vers le côté plus traditionnel de l'instrument. Son sample de la « Symphonie Du Nouveau Monde » d'Antonin Dvorak sur « Initial BB » est la preuve de l'attachement de Gainsbourg à la musique classique. Peut être que la sublime voix de Madelaine Hart nous rappel inconsciemment la voix d'une Brigitte Bardot dans la fraîcheur de l'âge, puis ce ton parlé à la manière de « Leak At The Disco » est souvent présent sur les disques de Gainsbourg.
Il ne faut cependant pas laisser cette comparaison faire croire qu'Happy Soup manque d'originalité. Loin de moi cette idée.


Chaque titre a du cachet et un ton propre. A la manière d'un livre de contes, les chansons s’enchaînent passant de thème en thème comme on tourne les pages d'un livre. Ironiquement déprimant dans « The Sun » ou amoureux pervers dans « Isabel », Baxter Dury offre l'occasion à chacun de se reconnaître au travers de personnage ou d'anecdotes proche de la vie de tout un chacun. Ce qui est intéressant c'est sa façon d'amener ces textes à l'encontre de la musique sur laquelle ils sont posés. Cela leur donne une tournure parfois différente de ce que l'on aurait pu ressentir avec d'autres mélodies. Pour éclaircir mon propos reprenons la chanson « The Sun ». Sujet des paroles : un certain Johnny « joue » seul chez lui avec son revolver. On imagine déjà la catastrophe, les violons, le solo de guitare déchirant la tragédie de ce désespoir à la façon d'un « Still Loving You »... Dury part totalement à l'inverse et sert sa chanson avec une guitare slide façon vacances à Hawaï, je ne parlerai pas de la batterie à deux doigts d'« Aux armes et caetera » ni des pseudo pleures de la fin ressemblant plus il faut l'avouer à un rire contenu. Bref, Dury fait d'un texte sur la solitude une chanson ironique et légère.
C'est un autre aspect à souligner. La légèreté que la musique apporte avec cette sensation que l'on rentre dans un monde irréel, mélange entre les années 80 et nos jours. La légèreté est souvent associée à des tempos lent où les basses et batteries sont coincées dans le fond ; ici c'est tout l'inverse. La batterie est sèche et ultra présente, idem pour la basse qui lead bien plus que la guitare qui sert plus d'accompagnement grâce à quelques notes flottantes et autres solos très sixties comme sur « Picnic On The Edge ». Ce qui contre balance avec la puissance offerte par le couple rythmique, c'est encore une fois cette si douce voix de mademoiselle Madelaine Hart mais surtout l'utilisation de claviers : rien de mieux pour tapisser le fond d'une bonne chanson ! Prenez « Afternoon », cette petite suite de notes façon violon et bourdon éléctro ? C'est de ceci dont il est question. Juste de quoi faire entrer en lévitation une chanson qui serait restée ancrée au sol sans cet astucieux ajout. Encore une fois ces parties de synthés sont soumises à la maîtrise et la retenue de Dury. Probablement seul point gris clair, (je n'ai pas le courage de soumettre un point noir à cet album) n'aurait-il pas fallu un peu plus de laisser-aller ? Sans doute le flegme British qui se veut au-delà des émotions personnelles trop importantes...


Baxter Dury nous quitte sur « Trophies », seule chanson laissant vraiment le devant de la scène aux claviers pour une sortie de ce monde entre deux âges tout en douceur. Une fin toute relative tant il est tentant de se relancer dans cet univers parallèle créer par B.Dury. Entre une atmosphère qui colle à la peau, des airs légers et une maîtrise absolue de chaque notes parvenant à nos oreilles, Happy Soup est une réussite. Pour moi cet album n'entre dans aucun genre, Baxter Dury fabrique lui-même le courant musical dans lequel il s'inscrit, c'est de là que ressort la fraîcheur de sa musique. Et c'est pour ça qu'on en redemande, et vite !