L’article
du jour sera consacré à l’album OK Computer de Radiohead. Tout en étant l’un
des meilleurs albums que le groupe d’Abigdon est produit c’est surtout le début
des expérimentations pour ce groupe qui jamais n’aura vendu son âme au profit
et à la masse commerciale. Contrairement à d’autre, Coldplay et Muse pour ne
pas les citer, ils n’ont pas succombé aux sirènes des médias et ont toujours
continué leur recherche au travers de nouveaux sons, de nouvelles percussions,
de rythmes impossible (écoutez « Lotus Flower » sur leur dernier
album King Of Limb, ou « The National Anthem » sur Kid A vous en
serez surpris…) Il faut avouer qu’ils en sont devenus de plus en plus difficilement
abordable pour la majorité et même au sein des mélomanes ils ne font plus
l’unanimité que par leur audace et leur persévérance au sein de leur
expérimentation. Au point de devenir des inconnus sur la scène mondiale depuis
quelques années Cependant, il fut un temps où, novateur et accessible,
Radiohead dominait le monde de la musique de la tête et des épaules.
Ce
temps débuta avec OK Computer. Les puristes diront toujours que The Bends et
Pablo Honey sont de bien meilleur qualité de par leur antériorité et leur
succès commercial moindre. Certes, ces deux albums sont bon et les morceaux
« High And Dry », « Creep » ou encore « Fake Plastic Tree » en sont d’excellents exemples. Mais la puissance et la force que
dégage OK Computer n’a pas d’égale. Car même si le groupe se refuse à le nommé
« album-concept » il est totalement axer sur le thème de la
déshumanisation. Ce terme cache en réalité plusieurs problématiques, ce n’est
pas tant les machines que Radiohead pointe du doigt mais plutôt les machines que
nous devenons. Production de masse, surconsommation, solitude moderne et le
malaise qui en découle. (Je rappelle que l’album fut écrit et enregistré en
grande partie durant l’année 1996 et qu’il est sorti en 1997, quand je vous dis
qu’ils étaient novateurs pour l’époque ! Les grandes problématiques sont
toujours les mêmes, si ce n’est que nous y avons ajouté l’écologie.) Et je ne
sais si l’effet est voulu mais je ne trouve absolument aucune humanité dans
tout l’album. Il est froid, génialissimement froid, mais froid. Ceci provient
sans doute du début de l’utilisation de l’ordinateur dans leurs sons en
« background » ou peut-être tout simplement cette voix si
particulière de Thom Yorke qui me donne des frissons. Il suffit d’écouter la
première chanson « Airbag » pour s’en rendre compte, que ce soit la
voix ou la musique, il faudra se tenir à l’un pour éviter la chute que
représente l’autre.
Cette
froideur est un vrai paradoxe car l’album fut en grande parti enregistré en
« live ». (pas concert mais tous les instruments en même temps,
d’après les dire d’Ed O’Brien ceci empêche le côté faux des enregistrements
collés les uns aux autres, c’est une visions que je partage totalement. Stadium
Arcadium des Red Hot Chili Peppers fut enregistré de la même façon et le
résultat est éblouissant. C’est une vrai performance quand il s’agit
d’enregistrer des solos de la qualité présent tant sur Stadium Arcadium que sur
OK Computer car la moindre fausse note et c’est le morceau complet à reprendre.)
Il ne faudrait pas que ce que j’appelle « froideur » rebute la
moindre personne ayant envie d’attaquer l’écoute d’une œuvre de Radiohead. Car
si l’ensemble est peint de cette manière c’est pour faire ressortir le cri de
détresse des hommes n’en pouvant plus de cette société décriée par Radiohead.
« Exit Music (For A Film) » fait partie de ces appels à l’aide au
même titre que « The Tourist ». Leurs constructions sont différentes
mais on retrouve toujours cette lancinante atmosphère dont rien ne peut
s’extraire et au milieu la voix seule se démène pour se faire entendre.
Parfois,
au contraire, c’est la musique qui sert d’émancipateur. Véritable tourbillon,
elle nous accroche au ventre sans jamais nous lâcher jusqu’à la fin du morceau.
Que ce soit « Electioneering » ou la fin de « Climbing Up The Wall » on ne peut rester indifférent. La première, rythmée du début à
la fin nous entraine dans une danse démantibulé contre l’attentisme politique
alors que la deuxième me fait plus penser à une phase de dépression avancé. Les
cris sur l’envolée « guitaristique », comme autant d’hurlements dans
la tempête vous transpercent les tympans, vous touchent au plus profond de vous
et rappel en nous la partie de folie qui tend à prendre sa place à la moindre
défaillance. La musique, c’est la zone de confort de Radiohead, tout du moins
c’est ici qu’ils expriment l’immensité de leur talent et c’est avec un tel
préambule que je vous incite à écouter « Paranoïd Androïd ». De la
première note à la dernière, ce morceau touche la perfection. J’avais prévu de
développer son déroulement où on but mais que dire devant autant de
clarté ? Il suffit de l’écouter.
Histoire
de parachever cet album déjà bien rempli et de souligner leur propos une
nouvelle fois, Thom Yorke et compagnie ont eu l’idée, farfelue mais si brillante,
de faire « chanter » la chanson « Fitter Happier » par le
logiciel « Macin Talk Pro » sur un PowerMacintosh d’Apple. Il leur a
suffi d’entrer les paroles et le logiciel les a répété. Du génie.
J’ai
annoncé une absence totale d’humanité dans ce troisième opus de Radiohead, je
ferai une exception pour apprécier la douceur de « Let Down ». J’aime
d’ailleurs l’écouter en dernier dans l’album, comme une lueur d’espoir après le
tout ce désarrois.
Que
ma pensée ne soit pas traduite de travers, lorsque je dis que cet album est
froid, je ne veux absolument pas dire qu’il est sans âme. Loin de là mon idée.
Bien au contraire, c’est sans doute toute la beauté de OK Computer, fournir si
peu d’humain et en sortir autant d’âme. Tant et si bien qu’il est devenu l’un
de mes albums favoris, à écouter à n’importe quel moment, quel que soit l’humeur
ou l’envie. Ce n’est pas pour rien qu’il a été classé meilleur album de tous
les temps par le magazine Q. Je n'ai d'ailleurs pas cité ni "No Surprise" ni "Karma Police" qui sont deux monuments mais déjà assez connu pour être reconnu comme tel.
L’univers
de Radiohead n’est pas toujours simple, mais n’hésitez jamais à vous y plonger,
vous serez surpris de la vitesse à laquelle vous deviendrez accro !
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