Le
temps passe vite. Il y a peu je me suis souvenu que je vous avais promis
d’aborder l’album solo de Pete Doherty lors d’un article précèdent sur les
Libertines. J’essaye de ne pas être redondant dans mes évocations d’artiste
histoire de ne pas toujours tourner sur les mêmes références, c’est pourquoi
avant d’attaquer toute écriture je me suis replongé dans mon blog pour trouver
ledit article. Il date de Juillet… Autant pour la redondance ! Je peux
donc vous présenter Grace/Wasteland sans risque, et surtout avec beaucoup de
joie car c’est un album qui, comme peu, a réussi à ne pas se faire éjecter de
mes platines après d’innombrables écoutes.
Je
vous ai déjà expliqué ma « rencontre » avec cet artiste spécial, je
n’y reviens pas, même si mon affection toute particulière pour cet album et ce
fameux concert sont forcement et fortement liés.
Il
faut dire qu’avec un album acoustique, je ne pouvais qu’être conquis. Amoureux
de la Folk, je suis servi sur un plateau d’argent par l’une des voix les plus
Rock de la planète, les mélanges ont parfois du bon.
A
sa sortie des Babyshambles en 2007, Doherty se dit fatigué (et surtout sous
l’emprise de la drogue) et annonce à la presse qu’il arrête la musique pour un
temps. La trêve qu’il s’impose n’est que feu de paille devant son envie
toujours croissante de composer et déjà il se remet à écrire. Les rumeurs vont
dans le sens d’un album tout à fait diffèrent de ces anciennes productions et
l’on annonce des « featurings » avec beaucoup de monde, trop de monde.
C’est dans ce contexte à demi cachotier que Pete passe un an sur l’écriture et
une autre année à l’enregistrement de ce nouvel opus à Londres chez Olympus
Studio. (Ni plus ni moins que l’un des studios favoris de Led Zeppelin et de
The Who, autant ne rien se refuser !) C’est ainsi que sort en 2009
Grace/Wasteland, album n’usant d’aucun instrument électrique (exception faite
pour « Broken Love Song » qui contient des vibratos de guitare
électrique) et gardant pourtant un volume rare pour ce type d’album.
Il
est vrai que les albums folks ont cette fâcheuse manie de paraitre creux ou
répétitif une fois les singles passés. Je pense ici à un artiste Américain
prometteur lors de ma première écoute du titre « Jolene ». J’avais
envie de partager cette douce Folk de New Hampshire mais au bout de deux
chansons, tout se ressemble… C’est dommage, et ce n’est surtout pas le cas de
Doherty qui avec tout son talent et toute sa malice nous transporte dans différentes
atmosphères au grès des collaborations qui ont façonné la création de
Grace/Wasteland.
Car
si beaucoup d’artistes étaient attendus en duo où derrière les potards ce ne
sont finalement que des proches qui participèrent à l’élaboration du disque.
Ainsi Carl Barat, ancien Libertines fut convié à la confection de « A Little Death Around The Eyes ». Pas la peine de souligner le caractère
morbide de cette influence (chose mise aussi en avant lors de sa collaboration sur le dernier Biolay), Barat aime le sombre et les violons du background
rendent baroque une chanson qui aurait pu rester des plus basiques. Les autres
participations extérieures sont des guitaristes plus ou moins reconnu (Graham
Coxon de Blur ou Peter Wolfe) se succédant derrière la six cordes donnant cette
fabuleuse impression d’entendre de multiples sonorités avec le même instrument
au fil des chansons. Le seul vrai duo nous fait découvrir la douce voix de
l’écossaise Dot Allison sur « Sheepskin Tearaway », rare chanson
à avoir un vrai côté joyeux, mêlant douceur et mesquinerie dans leur dialogue
le long de la mélodie, c’est un bol d’air frais au milieu d’une ambiance qui
sans être oppressante se ressent être pesante. Le plaisir de la Folk fait que
ceci ne donne pas comme dans le Rock un univers poisseux mais une certaine
mélancolie flottant dans l’air, nous enveloppant et nous berçant. (« Salome », qui pour le coup est aussi une référence à l'une de ses idoles: Oscar Wilde)
La multitude d’instruments utilisée lors des enregistrements n’est pas pour
rien dans l’épaisseur musicale offerte par la plupart des chansons, que ce soit
le classique piano ou le plus inattendu accordéon ou xylophone, chacun a permis
à cet album de ne pas se dégonfler après cinq minutes d’écoute.
Il
est vrai que la plupart des textes recueillent des références à la mort comme
« New Love Grows On Trees » ou aux malheurs amoureux «Broken Love Song ». Derrière il est des chansons sur le passé («1939 Returning ») ou sur son amour pour son pays et sa poésie.
(« Arcadie ») Et s’il est bien une qualité indéniable à Pete Doherty,
c’est bien son talent d’écriture. Les paroles coulent dans l’oreille sans accros
et toujours avec beaucoup de style. Si bien que les carnets de route de l’homme
ont été reproduits et vendu en version original, une belle acquisition pour
tout fan ou simple amoureux des mots trouvant la littérature anglaise un peu
trop complexe dans le texte. Le titre même de l’album Grace/Wasteland est
une façon poétique de résumer la vie de Doherty. La grâce tout d’abord, avec
cet album ou plus généralement son travail, fruit du talent et de la recherche
d’un homme en constante innovation, en permanence créativité. Puis le
Wasteland, la désolation, sa vie décousue d’homme « addict » aux
substances illicites. Certains diront que c’est grâce à celles-ci qu’il peut
écrire de telles choses, je préfère le croire habile avec les mots et sa guitare
même sobre. Mais cette vie de débauche vitale ne lui permettra pas de durer
aussi longtemps que nous le souhaiterions. Et quand bien même il passerait
entre les gouttes de l’overdose, est-ce bien raisonnable de continuer s’il est
obligé d’annuler des concerts aux derniers moments, ou d’arriver saoul sur
scène ? Non, surement pas. Ce serait continuer de gâcher son talent.
Depuis
Grace/Wasteland, Doherty n’a plus produit et s’est penché sur la mode avec la
marque The Kooples et prétend être au-devant d’un nouvel album… de rap !
De sa part rien n’est impossible et contrairement à ce qu’il préconise dans la
dernière chanson « Lady, Don’t Fall Backward », il serait bien
capable de nous faire tomber de notre chaise !
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